Le psoriasis en gouttes
Interview du Dr. Nathalie BENETON - dermatologue au service de Dermatologie Centre Hospitalier du Mans.
Qu'est-ce-que c'est ? Comment le reconnaître ?
Le psoriasis en gouttes (PG) est une forme de psoriasis, particulière du fait de son aspect clinique et de son mode de survenue parfois en réaction à une infection de la gorge (angine).
Il touche essentiellement les enfants et les adultes jeunes. Dans les études sur le psoriasis, il représente 10 à 30% des cas de l'enfant. Le PG peut aussi survenir chez un patient qui a déjà un psoriasis en plaques.
Il se présente sous la forme de petites plaques de psoriasis moins épaisses et moins desquamatives que les plaques de psoriasis classique dit vulgaire. Leur taille est inférieur à 1cm et elles se distribuent de façon rapide et généralisée sur le corps, notamment sur le dos, le torse et les membres, épargnant les paumes et les plantes. Il n'y a en général pas d'atteinte des ongles, ni des cheveux. [...]
Le diagnostic est le plus souvent clinique mais peut, dans certains cas, nécessiter une prise de sang, ou un prélèvement de squames à la recherche d'un champignon.
Pourquoi fait-on un psoriasis en gouttes ?
Le lien avec une infection est suggéré par plusieurs arguments :
- Les patients signalent souvent une angine 1 à 2 semaines précédant l'apparition ou l'aggravation du PG. L'agent infectieux retrouvé est le streptocoque dans 2/3 des cas, ou un virus.
- Des études ont montré la présence du streptocoque dans la gorge ou la présence d'anticorps dirigés contre le streptocoque (ASLO) au cours de poussées de PG. Il a parfois été mis en évidence la présence de streptocoque ailleurs que dans la gorge.
- Enfin, des tests en laboratoire ont montré des réponses de certaines cellules de l'immunité ("les lymphocytes") contre des antigènes du streptocoque.
Il existe par ailleurs un terrain génétique favorisant : le PG, notamment post-streptococcique, survient préférentiellement chez des patients exprimant un gène particulier.
Enfin, une éruption de type PG peut aussi apparaître comme une réaction inattendue aux anti-TNF (biomédicaments proposés dans les formes modérées à sévères de psoriasis), ou de façon exceptionnelles après une vaccination.
Comment ça évolue et comment ça se traite ?
L'évolution du PG est variable. Le plus souvent, les plaques durent environ 1 mois puis peuvent disparaître en 2-3 mois, naturellement, sans traitement. Pour 1/3 des patients, la poussée est unique; pour un second 1/3 l'évolution se fait vers un psoriasis en plaques sans phase de rémission; pour le dernier 1/3 une phase plus ou moins longue de rémission précède le développement d'un psoriasis en plaques.
Le traitement du PG fait appel à la prise en charge de l'infection lorsqu'elle est retrouvée et encore active. Dans certains cas isolés, le traitement de l'infection streptococcique a été associé à une guérison du PG. Le traitement antibiotique de l'infection ORL suspectée est en général une pénicilline. Néanmoins, il n'y a pas de preuves formelles sur l'intérêt de ce traitement sur l'évolution du psoriasis. Dans les formes récurrentes, l'amygdalectomie est parfois à envisager, elle a fait l'objet d'études spécifiques.
On peut aussi proposer un traitement local sur les zones gênantes par dermocorticoïdes ou par l'association calcipotriol-betametasone. Lorsque le PG est très étendu et dure dans le temps, on peut proposer une photothérapie, et beaucoup plus rarement un traitement par voie générale lorsque le retentissement est important. Les biothérapie comme les anti-TNG, anti-IL12/IL13 ou les anti-IL17 n'ont pas été étudiées dans le cas du PG.
Télécharger cette fiche au format PDF.
Pour tout complément d'informations et une aide personnalisée :