Témoignage : Psoriasique et sportif, c’est possible !

La complexité d’assumer la vision de son corps

J’ai toujours beaucoup pratiqué de sport. Cela a toujours été une de mes passions depuis tout petit. Après m’être essayé à de multiples sports, c’est la gymnastique qui avait retenu toute mon énergie et mon envie d’investissement. Je m’appelle Cédric, j’ai 33 ans à présent et je suis psoriasique depuis bientôt 10 ans. 10 longues années faites de doutes, de douleurs, mais surtout toujours pleines d’espoir. Plus jeune, le psoriasis n’a pas entravé ma vie sportive tout simplement parce qu’il n’était pas là. Et puis un jour, le choix des études plutôt que du pôle France vous éloigne des praticables. Mais l’envie de reprendre se fait ressentir. Psoriasique déclaré depuis juin 2006, j’ai souhaité reprendre la gym en septembre de cette année-là. Au début tout allait bien, je faisais des UV qui fonctionnaient. J’avais juste droit aux éternelles remarques « Tu es parti au ski ? » « Tu rentres de voyage ? »

Mais au final on s’y habitue. Et puis la rechute… Le psoriasis en gouttes qui revient. Et les complications avec, la gym ne se pratiquant pas très couvert. Et pourtant, j’assistais aux entraînements en jogging et manches longues. J’avais bien essayé le short mais les questions de certains de mes camarades plus jeunes ne m’aidaient pas, et j’ai menti souvent : « c’est rien je suis juste tombé à vélo ». La vérité est que mon psoriasis était tout récent et ne l’assumant pas moi-même, je n’étais pas prêt à en parler simplement à qui que ce soit. Ma passion pour la gymnastique fût stoppée nette au détour d’un traitement que je n’avais pas supporté et qui me clouait littéralement au lit… Fatigué, éreinté, déprimé, cette fois c’était sûr, pour moi le psoriasis avait gagné et je ne pratiquerai plus jamais de sport en compétition ou même en loisir.

Quand la passion surclasse la maladie

Les années ont passé, mon esprit sportif est resté là. J’allais courir, je marchais tout le temps, la randonnée… Et puis la trentaine est arrivée, et la maturité avec. Mon psoriasis ? Je vivais très bien avec et il ne pouvait nullement m’empêcher de vivre ma vie et donc de recommencer à pratiquer une de mes passions : le sport. Mon esprit compétitif savait que je ne retrouverai jamais le niveau de gymnastique passé. Alors le hasard des rencontres a décidé pour moi. Après discussion avec un membre de ma future équipe, c’était décidé, j’allais commencer à faire du rugby. Mon premier entraînement je ne l’oublierai jamais. Samedi matin 10h. Il pleut. Un des entraîneurs me prend à part, ce sera atelier plaquage pour débuter. 1 heure trente de défouloir, d’apprentissage... et de pataugeage dans la gadoue ! 12h, les gars sont heureux après deux heures dans le froid, c’est l’heure de la douche chaude. « La douche ? Non merci les gars je suis attendu, je vais rentrer. » Stupéfaction de voir le nouveau badigeonné de boue se diriger vers la sortie du stade. Honte de mon côté. Le psoriasis a encore gagné. Arrive un nouveau traitement, efficace cette fois. Le bonheur, je peux me doucher le samedi midi ! Et puis l’hiver, la rechute. Les problèmes recommencent. Mais différemment. Cette fois j’avais déjà parlé du psoriasis aux garçons. Et leur réaction ne s’est pas faite attendre… « Ton psoriasis ? Mais qu’est-ce qu’on s’en fiche ! Te prive pas de douche ou d’entraînements pour ça… » Réaction rassurante d’autant qu’un membre de mon équipe connaît également la maladie depuis plusieurs années et ne semble pas avoir de problèmes à se découvrir. Finalement, le plus dur c’est de se convaincre soi-même que l’on n’est pas si repoussant que ça.

Le rhumatisme psoriasique : un faux problème ?

Cette année, il est vrai que je me suis remis à une pratique intensive du sport. Le rugby certes, mais la salle de sport également ! Et malgré un psoriasis en gouttes sur les mains, je n’ai pas hésité à aller utiliser les machines à la vue de tout le monde. Et puis une période de grosse fatigue, des douleurs au bas du dos. Le stress est là, j’angoisse déjà : j’ai du rhumatisme psoriasique j’en suis persuadé. Non seulement j’ai peur pour mes articulations mais je ne veux surtout pas arrêter la pratique du sport ! Vite, un rendez-vous chez la rhumatologue. Les examens, non définitifs, ne détectent pas l’antigène HLA B27. Attention me répond ma rhumatologue, cela ne veut rien dire. Il va falloir faire d’autres examens pour être certain du diagnostic. La question me brûle déjà les lèvres : « Quid du sport si je suis atteint de rhumatisme psoriasique ? » Réponse directe : « rien ne vous empêche de continuer, mais peut-être avec un rythme différent pour le rugby » Ouf ! Soulagement. Hein toi le psoriasis, tu croyais sérieusement gagner ? Non non, aucun malade ne devrait se priver de sa passion. C’est en tout cas mon choix de vie.

Aujourd’hui je vis, même si parfois tout n’est pas si simple. Les crises vous déstabilisent et vous font croire que vous devez vivre caché. Mais c’est faux. Et même si parfois les traitements fatiguent et entament la motivation que doit avoir un sportif, rien n’est insurmontable. Il faut juste croire en soi et s’en donner les moyens. La suite ? Et pourquoi pas quelques cours de danse pour laisser justement s’exprimer son corps parfois meurtri par la maladie ? Une bonne méthode pour faire comprendre au psoriasis que mon corps m’appartient et que j’en ferais toujours ce que j’en ai décidé… même avec la peau parfois rouge.

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