Seniors et psoriasis cutané : comment se soigner ?

Seniors et psoriasis cutané : quelle prise en charge ?

Le psoriasis est une affection cutanée chronique qui n’épargne pas les seniors. L’impact sur la qualité de vie est parfois aussi important que dans une population plus jeune. Les nombreuses comorbidités ne doivent pas entrainer automatiquement un objectif thérapeutique moins ambitieux. L’adaptation des traitements actuels permet d’optimiser cette prise en charge.

En France, grâce à l’augmentation de l’espérance de la vie, les praticiens sont amenés de plus en plus à prendre en charge les séniors. Ainsi, on estime qu’en 2050 environ 40% de la population aura plus de 65 ans. Cette tendance naturelle ne peut qu’inciter à l’optimisation des connaissances concernant le psoriasis sur le sujet.

Qu’est ce qu’un senior ?

D’après l’INSEE, un sujet est âgé au delà de 60 ans. En gériatrie, la limite est souvent 65 ans. Ce qui caractérise le plus le vieillissement est l’altération de certaines fonctions (rénale, cardiaque, atrophie cutanée…) et la coexistence de plusieurs pathologies. Dans une étude récente, près de 90% des patients psoriasiques avaient ainsi une pathologie associée (HTA, pathologie cardiovasculaire, diabète, dyslipidémie..). Cela se traduit, en pratique, par la prise de nombreux médicaments à prendre en compte (rôle potentiellement inducteurs des Bétabloquants…).

Le psoriasis n’est pas une maladie qui épargne les sujets âgés. La prévalence est aussi importante que dans la population générale ; Dans une étude récente sur 2210 patients souffrant de psoriasis, près de 9, 5% avaient plus de 70 ans. Les premières manifestations à partir de la troisième décennie ne sont pas rares (il n’y a pas d’âge pour avoir du psoriasis !!).

L’expression clinique est variée ; Si la forme en plaque est très fréquente, les atteintes du cuir chevelu et des plis sont non négligeables, à l’opposé de l’expression en goutte. Le retentissement sur la qualité de vie est dominé par le prurit. Il est majoré par la sécheresse cutanée physiologique et certains traitements (hypolipémiants…). L’étiquette « arthrose de la personne  » évoquée devant des douleurs articulaires ne doit pas faire méconnaitre un véritable rhumatisme psoriasique ; Il est associé dans près de 25% des cas dans certaines séries. Les gonflements articulaires de certaines articulations (IPD), la raideur matinale et les entésopathies (achilléennes…) sont retrouvés comme chez l’adulte jeune.

La prise en charge doit être adaptée à la sévérité du psoriasis et à l’ensemble des éléments précédemment énoncés. Plusieurs points doivent attirer l’attention :

  • les bons résultats des traitements topiques (dérivés de la vitamine D et corticoïdes) pour les atteintes localisées mais les difficultés pour les appliquer (diminution de l’agilité) et la complexité de certains schémas d’application (matin et soir…) en limitent l’efficacité chez le sujet isolé ;
  • pour les atteintes modérées à sévères ou réfractaires, le méthotrexate est à privilégier (IMETH, NOVATREX, METOJECT) pour son efficacité au long terme mais sa prescription doit être très encadrée (surveillance biologique) car il existe un risque toxique plus grand majorée par l’insuffisance rénale et les médicaments ( 10 à 15mg/semaine). La photothérapie est souvent moins bien tolérée et les expositions antérieures en limitent fréquemment l’utilisation ; l’acitétine (Soriatane) et la ciclosporine sont moins adaptées car leur utilisation risque de majorer la sécheresse cutanée et une dyslipidémie pour le premier et une HTA et le rein pour le second.
  • les biothérapies sont aussi efficaces que dans la population plus jeune. Il existe un maintien de l’efficacité proche de 70% à 3 ans. Elles nécessitent un bilan préthérapeutique complet pour écarter, un cancer, une hémopathie, une infection sévère (tuberculose….). La tolérance est bonne bien qu’il existe une petite augmentation multifactorielle du risque d’infection sévère grave dans cette tranche d’âge (moins important avec l’etanercept dans une étude) qui oblige à une surveillance accrue.

En conclusion, psoriasis et seniors ne doivent plus, être traduits par résignation et sous-traitement.